Faisons le point, à moins d'un mois du scrutin, sur l'étendue des dégâts. Ou plutôt sur les significations possibles d'un oui ou d'un non, parmis lesquels les commentateurs français et européens ne manqueront pas de choisir celui qu'ils considéreront comme le plus représentatif.
Ces analyses auront un impact considérable sur ce qui se passera après le vote, qu'il soit positif ou négatif.
Tout ça en étant un peu plus subtil que
Daniel Schneiderman
Les ouis
les ouis par ordre de préférence personnelle :
Les combattants
Les socialos et les Verts , qui espèrent que les points positifs des parties I et II compenseront allègrement la constitutionnalisation des politiques libérales européennes.
Question en passant : que faire si la constitution dit une chose et son contraire ? Est-ce le premier article apparaissant dans le texte qui l'emporte ?
Je pose cette question parce que comme je considère que les valeurs affichées dans les parties I et II sont quand même meilleures que celles qui transpirent de la partie III, j'aimerais savoir s'il est possible, par jurisprudence, de faire évoluer cette satanée partie III.
Les adaptes extrémistes des petits pas, les compromistes
La construction de l'Europe est toujours passée par la politique des petits pas. Le compromis à 25 est adapté à cette façon de faire.
Ils argumentent que le TCE est toujours meilleur que le traité de Nice, dont tout le monde en France (et surtout ses signataires de l'époque) dit que c'est un mauvais compromis.
Question en passant : qu'en pensent nos partenaires européens ?
Les authentiques ultra libéraux.
Pas de commentaire, le MEDEF est pour. Ce qui constitue déjà une bonne raison de voter contre, lorsqu'on parle d'un texte alambiqué.
Les "c'est trop compliqué".
Ils s'en remettent aux responsables politiques. Ils pensent que franchement, le référendum, c'est complètement à côté de la plaque, que les politiques sont bien assez grands pour décider de ça tout seuls.
Je les appelle aussi les victimes du discours Chiraco-Hollandien :
...ayez confiance...
Les supporters du gouvernement et du président
Ceux-là compensent ceux qui voteront non contre le gouvernement et le président. Donc je n'y vois pas vraiment d'inconvénient, sauf si l'argument (que je partage avec les partisans du oui) qui consiste à pousser à ne pas voter non pour cette seule raison porte ses fruits. Auquel cas, il faudra bien que les fans de Raffarin et de Chirac (s'il en reste) ne votent pas oui pour cette seule raison.
Les nons
les nons, selon moi, peuvent être classés en au moins deux sous-catégories : les "non ce n'est pas assez" et les "non, c'est trop". Toujours par ordre de préférence personnelle :
Non ce n'est pas assez
Non ce n'est pas assez ou aussi non, ce n'est pas comme ça qu'il aurait fallu s'y prendre. On peut leur reprocher d'être trop franco-français dans leur façon de voir une constitution parfaite. Convaincus qu'il faut à l'Europe une constitution, ils veulent en proposer une autre.
Les démocrates souverainistes populaires européens
Leur point de vue est que la constitution est bien trop longue et complexe. Ils veulent donner la souveraineté si ce n'est au peuple européen, au moins aux peuples européens au pluriel. Un de leur objectif et de faire élire une assemblée constituante, qui aboutisse à une constitution digne de ce nom, en particulier apolitique.
Les fédéralistes
Ils veulent plus de transfert de compétence à l'Union. Ils s'opposent donc frontalement aux souverainistes.
Les sociaux
La LCR et le PCF souhaitent à mi-voix qu'on enlève le contenu anti-social du TCE et qu'on lui substitue un contenu carrément social. C'est une démarche aussi contestable que celle qui a mené à définir une politique au sein du TCE.
Il n'empêche que leur critique du TCE est bien construite.
Non c'est trop
Les "c'est trop compliqué".
Ils ne veulent plus s'en remettent aux responsables politiques. Ils pensent que les politiques veulent une fois de plus tromper leur confiance, que le référendum, c'est complètement à côté de la plaque et qu'ils ont bien mérités qu'on les renvoie à leur place.
Les Raffarinophobes
Et autres Chiracophobes. Ne nous trompons pas de combat. Celui-ci concerne le TCE, pas le gouvernement. Si cette sous-catégorie l'emporte, notre image et notre influence future en Europe prendra du plomb dans l'aile. Mais cette raison de vote contre permet d'équilibrer les Raffarinophiles.
Les souverainistes
De Villiers, Pasqua et Chevènement trouvent qu'on laisse trop de pouvoir à l'Europe.
Les ultra-libéraux
Les anglais,
par exemple, trouvent le TCE trop social. Un comble pour beaucoup de français.
Question en passant : D'autres pays sont-ils sur la même ligne que ces grand-bretons ?
Les nationalistes
Comment dire, c'est à peu près les mêmes arguments. On y trouve Le Pen, évidemment. Mais on n'y trouve pas Haïder, comment expliquer cela ?
Conclusion temporaire
En premier lieu, merci au lecteur de m'aider à compléter l'inventaire, afin de savoir comment nous seront perçus par le reste de l'Europe.
Je repousse à un billet suivant l'analyse des analyses possibles...
à 19:12