Parions
--> Comment remporter le plan B ?
J'ai entendu quelqu'un dire que les votes Oui aussi bien que NON sera un pari pour les femmes et les hommes de gauche. Voici ma vision des deux versions de ce pari.
Le NON est un pari, ça paraît assez clair depuis quelques mois. Ce pari consiste à croire que le NON de gauche français, qui ne parviendra tout de même pas à dégager une majorité absolue en France, entraînera une renégociation du texte. Cette renégociation peut prendre plusieurs formes :
Convocation d'élections de l'assemblée constituante. Mais alors il faudra se mettre d'accord à 25 sur le mode de scrutin, sur le mode de fonctionnement de cette assemblée, sur le nombre de représentants de chaque pays. La campagne d'une telle élection permettrait de faire s'exprimer les citoyens non pas sur l'approbation d'un texte, mais sur l'inflexion qu'on veut lui donner. Mais dans ce cas -- et c'est là que réside le vrai pari -- il faudrait que ce NON de gauche français puisse rassembler les tendances similaires en Europe, pour contrer les tendances néolibérales et souverainistes. Je ne vois pas comment ce NON de gauche permettrait de contrebalancer ne serait-ce que les souverainistes de tout poils disséminés dans tous les états membres. Je ne vois pas non plus comment contrebalancer la tendance anglo-saxonne au néolibéralisme... J'ai beau chercher, je ne vois pas (si quelqu'un a des chiffres de répartition des tendances, ça m'intéresse). Et ça me mine.
Autre possibilité, une nouvelle convention, aussi peu démocratique que la première, serait nommée par les 25 chefs d'état et de gouvernements. Mais là, j'ai tendance à croire les partisans du OUI, la France aura perdu de son influence et tout porte à croire que la nouvelle mouture serait plus éloignées des valeurs française que la première. Tout bêtement.
Enfin, la conférence intergouvernementale décide de trancher elle-même et Chirac fait dans ses bottes. Il oublie les grandes envolées lyriques sur la taxe Tobin, sur l'aide au pays en développement, ses bras dessous-bras dessus avec Lula... On arrive au même résultat.
Encore pire : Chirac ne défend rien du tout, se fait tout petit et on nous ressert le TCE dans un an, avec la ferme consigne de l'accepter ou de quitter l'Union, ou d'obtenir des dérogations, tel le Danemark qui ayant refusé Maastricht, s'est vu dispensé d'Euro. Et C'est la victoire de Le Pen. La Honte nous retombe dessus.
Bref, c'est un gros pari.
Le OUI est un pari : en acceptant le TCE, on pourra, de l'intérieur du système, le changer progressivement, en s'appuyant sur la force politique croissante du parlement. Le parlement devra infléchir l'interprétation du TCE. Soit. Mais je ne vois pas non plus comment on pourrait, dans les conditions fixées par le TCE, l'améliorer. Il y a bien la mobilisation. Mais sans enjeu en face, aucune chance. Grève générale ? Vous y croyez, vous ? ATTAC porte un projet alternatif, mais n'a pas la force de grands syndicats allemands.
Le PCF et la LCR nous rappelle qu'on nous avait promis que, dès le Traité de Maastricht adopté, l'Europe Sociale suivrait. Pour en être sûr, voyons ce qui s'est passé quand la gauche détenait 13 gouvernements sur 15. Rien. Enfin, rien allant vers l'Europe Sociale.
Que nous proposent-ils pour changer le système de l'intérieur. Sans rire, ça m'intéresse vraiment que quelqu'un me sorte un programme commun de la gauche européenne pour changer les acquis du TCE. Mais il va falloir me le montrer avant le 29 mai.
Bon. Dans ces conditions, pari pour pari, autant montrer nos muscles au Européens. J'en suis là. C'est assez triste.
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cloreen
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Merci d'avoir mis des mots sur le dilemne. Cette Europe et ce traité tels quels et pour ces raisons là me filent les larmes aux yeux d'impuissance.
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à 14:18