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A mon sens, ce n'est pas que
son montant qu'il faut établir, mais prendre un peu de recul, se redire voire
de se mettre d’accord sur l'objectif.
L'objectif est de transformer notre mode de vie énergivore et peu respectueux
de l'environnement en un mode de vie économe en impact sur notre environnement.
Cela dit, on peut restreindre l’objectif de la seule taxe carbone (ou CCE) à la
réduction drastique de nos émissions de gaz à effet de serre (GES).
- avoir une assiette large : N. Hulot indique que 2/3 des émissions de GES en
France sont imputables aux particuliers (voir
là). L’important n’est pas de taper fort sur un bout de l’économie, mais de
favoriser le glissement d’usages à hautes émissions vers des usages économes en
GES. On peut citer le contre-exemple de l’interdiction des CFC dans les bombes
aérosol et les climatisation pour protéger la « couche
d’ozone » : seul un périmètre restreint d’industriel est impacté par
la mesure et celle-ci se révèle(ra) très efficace. Ce n’est pas le cas pour les
GES. C’est toute la société qui consomme, directement ou indirectement, des
produits ou des services émettant des GES.
L’assiette de la CCE doit
donc embrasser tous les usages, pour ne pas laisser de « niche
fiscale ».
La CCE doit donc s’appliquer
sur toutes les matières premières qui conduisent, généralement par combustion,
à l’émission de GES. Les carburants et combustibles fossiles donc, assez
logiquement. Mais plus globalement tout ce qui finira en GES et qui n’est pas
renouvelable en un temps raisonnable : les objets en plastique qui
finiront dans un incinérateur, le pétrole, le gaz naturel.
Cela ne tient pas compte de
quelques GES farouches : les oxydes d’azote rejetés par les moteurs
diesel, par exemple, ne sont pas directement liés à la consommation de
carburant (parce que les différentes technologies de moteurs rejettent une
quantité différente à consommation de carburant égale). Notez bien que les
rejets de CO2 par un moteur diesel ne dépend (vraiment uniquement)
que de sa consommation de carburant, puisque le boulot d’un moteur à explosion
est de transformer une molécule de gazole, qui contient de nombreuses liaisons
chimiques carbone-hydrogène – pour en tirer l’énergie – en un mélange de CO2
et d’eau. Ainsi 1kg de gazole contient (à peu près) 1kg de carbone (l’hydrogène
ne pèse presque rien). Et transformer ce kg en CO2 revient à ajouter
deux atomes d’oxygène par atome de carbone, donc ajouter de 2,6kg par kg de
carbone consommé. Ce qui transforme 1kg d’essence (un peu plus d’un litre), en
3,6kg de CO2.
Reste à traiter le cas des
pets de vaches, pour cela, je n’ai pas de solution, en dehors de la taxation
forfaitaire par tête de bétail…
L’assiette large devra, à
terme, incorporer les produits d’importation, pour ne pas distordre la pour une
fois bienvenue concurrence entre produits taxés par la CCE (produits sur le
marché intérieur) et les produits importés, non taxés du fait de l’émergence
probable d’un dumping environnemental.
Deuxième point très
important, la CCE doit être progressivement croissante (en taux, pas forcément
en revenu) et surtout de manière pérenne. Si le consommateur voit le prix du
pétrole monter, il n’aura pas forcément envie d’isoler son logement parce qu’il
sait le prix du pétrole volatile et que son investissement ne sera pas rentable
rapidement. Si le consommateur sait que, malgré l’alternance politique, le taux
de la CCE continuera inexorablement de monter, il a tout intérêt à investir le
plus tôt possible dans son isolation.